Un tassement marqué de la collecte
2023 | 2024 | janv. 2025 | fév. 2025 | mars 2025 | avril 2025 | |
---|---|---|---|---|---|---|
Collecte | 28,68 | 14,87 | 0,35 | 0,97 | 0,4 | -0,2 |
Encours* | 415,3 | 442,5 | 442,9 | 443,8 | 444,2 | 444 |
Variation | 10,6 % | 6,5 % | 0,1 % | 0,2 % | 0,1 % | -0,05 % |
* L’encours intègre la capitalisation des intérêts
L’attrait pour le livret A s’est nettement tassé depuis 2024 avec une décollecte de 200 millions d’euros en avril.
2023 | 2024 | janv. 2025 | fév. 2025 | mars 2025 | avril 2025 | |
---|---|---|---|---|---|---|
Collecte | 11,24 | 6,55 | 0,54 | 0,65 | 0,61 | 0,31 |
Encours* | 149,5 | 160,6 | 161,1 | 161,8 | 162,4 | 162,7 |
Variation | 11,4 % | 7,4 % | 0,3 % | 0,4 % | 0,4 % | 0,1 % |
* L’encours intègre la capitalisation des intérêts
Le Livret de développement durable et solidaire (LDDS) semble bénéficier d’une position plus avantageuse que le livret A, alors même que les taux d’intérêt offerts aux épargnants sont identiques pour les deux produits.
L’encours total des livrets A et des LDDS a atteint 606,7 milliards d’euros à fin avril 2025, un montant record. En effet, l’encours cumulé des deux livrets atteignait 564,9 milliards d’euros fin 2023, 448,3 milliards d’euros en 2020 et 263,8 milliards en 2010.
2023 | 2024 | janv. 2025 | fév. 2025 | mars 2025 | avril 2025 | |
---|---|---|---|---|---|---|
Collecte | 20,67 | 6,88 | 0,11 | 0,35 | 0,14 | -1,96 |
Encours* | 71,9 | 82,2 | 82,3 | 82,7 | 82,8 | 80,8 |
Variation | 50 % | 14,3 % | 0,1 % | 0,5 % | 0,1 % | -2,4 % |
* L’encours intègre la capitalisation des intérêts
Après avoir fortement attiré les épargnants en 2023 et 2024 grâce à un taux de rémunération plutôt attractif (6 % avant août 2024 et 4 % sur le reste de l’année), la dynamique du livret d’épargne populaire (LEP) s’est nettement inversée avec une décollecte de près de 2 milliards d’euros en avril.
L’encours total du LEP atteint 80,8 milliards d’euros à fin avril 2025. Pour mémoire, il atteignait 39,5 milliards d’euros en 2020.
L’épargne réglementée pâtit de la baisse des taux d’intérêt de février 2025
En février 2025, les taux de rémunération de l’épargne ont été abaissés par les pouvoirs publics. Ainsi :
- le taux est passé de 3 % à 2,4 % pour le livret A et le LDDS ;
- le taux est passé de 4 % à 3,5 % pour le LEP.
Les épargnants ont une approche assez proactive en matière de placements et adaptent rapidement leur comportement en fonction de l’évolution des taux d’intérêt. Ainsi, l’assurance-vie semble avoir bénéficié d’un effet report [1].
Pour aller plus loin, lire nos articles :
Baisse des taux des produits d’épargne depuis le 1er février 2025 : ce qu’il faut retenir.
Taux et indices utiles aux professionnels du Droit et du Patrimoine.
En 2024, l’assurance-vie a retrouvé la cote auprès des épargnants.
Un récent rapport parlementaire prône une réforme d’ampleur de l’épargne réglementée
L’épargne réglementée doit être réformée en profondeur, voici l’une des principales conclusions du récent rapport d’information parlementaire relatif à la rémunération de l’épargne populaire et des classes moyennes, rendu public le 14 mai 2025 [2].
Les deux rapporteurs de la mission (Jean-Philippe Tanguy et François Jolivet) regrettent que « la rémunération réelle et concrète de cette épargne soit bien peu prise en compte, pour ne pas dire totalement ignorée », alors que les encours battent des records année après année.
Perte de pouvoir d’achat avérée pour les épargnants
« Présentés comme sans risques au regard d’autres placements de moyen et long terme, les produits plébiscités par les classes populaires et moyennes connaissent en réalité un risque certain, l’érosion monétaire (soit la perte du pouvoir d’achat suite à l’inflation), et un risque caché, la perte organisée d’opportunités d’investissements rémunérateurs avec des risques modérés, voire faibles », ont estimé les deux rapporteurs de la mission parlementaire.
Ils rappellent, en se fondant sur les chiffres de la Banque de France, que le rendement réel du Livret A est systématiquement négatif depuis 2016, et médiocre auparavant, oscillant selon les années entre 0 et 2 %. Selon les estimations de la Fédération des associations indépendantes de défense des épargnants pour la retraite (FAIDER) que les deux parlementaires ont sollicité dans le cadre du rapport, la perte de pouvoir d’achat cumulée sur l’épargne dite « populaire » peut être estimée à 300 milliards d’euros entre 2021 et 2023.
Comment redorer le blason de l’épargne réglementée ?
Le rapport formule au total dix-neuf recommandations qui concernent principalement :
- la simplification des produits d’épargne réglementée, notamment par la réduction de leur nombre et l’unification de leur régime fiscal ;
- la garantie d’un niveau de rémunération adéquat protégeant l’épargne réglementée des conséquences de l’inflation ou « érosion monétaire » ;
- le recentrage des plans épargne logement (PEL) et des comptes épargne logement (CEL) vers l’acquisition d’un bien immobilier ou à défaut la facilitation de leur transfert vers d’autres produits d’épargne ;
- la promotion de la « culture financière » auprès du grand public grâce à plusieurs canaux (organisation de campagnes d’information sur les bons comportements à observer en matière financière, initiation à la finance dans les programmes scolaires, ajouter des actions d’éducation financière à la liste des formations éligibles au compte personnel de formation (CPF) ;
- l’instauration d’un débat annuel au Parlement sur l’épargne des Français avec la publication d’un rapport spécial sur le sujet.
Notes :
Axel Masson
Rédaction des Experts du Patrimoine (Village des Notaires)