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Web3 en France et en Europe : l'heure des choix stratégiques

Web3 en France et en Europe : l’heure des choix stratégiques

Le Web3 [1] est en passe de redéfinir les équilibres économiques et technologiques mondiaux. Si l’Europe veut en devenir un acteur central, elle doit transformer ses ambitions en réalités tangibles. Entre percée réglementaire et défis persistants, la dynamique actuelle oscille entre espoirs et inertie.

Ces tendances sont issues de la quatrième édition de l’étude annuelle menée par l’Adan, en collaboration avec Deloitte et Ipsos [2], qui dresse un état des lieux précis du Web3 et des crypto-actifs en France et en Europe. L’étude éclaire à la fois l’évolution de l’adoption par le grand public et les défis rencontrés par les entreprises du secteur.

MiCA : un cadre enfin en place, mais encore embryonnaire en France

L’adoption du règlement européen MiCA (Markets in Crypto-Assets) représente un tournant majeur pour l’industrie des actifs numériques. Ce texte vise à harmoniser les règles dans l’Union européenne en matière d’émission d’actifs numériques, de protection des investisseurs et d’encadrement des prestataires de services. Pourtant, en France, la mise en œuvre tarde. Aucun agrément MiCA n’a encore été accordé en 2025, malgré le calendrier d’entrée en application du règlement. À l’échelle européenne, 45 % des entreprises interrogées estiment que la réglementation est encore trop floue ou inadaptée à leurs besoins. En France, ce sentiment est encore plus marqué, avec 55 % des acteurs exprimant des inquiétudes sur la mise en œuvre du cadre. Cette incertitude freine les investissements, encourage la prudence des entrepreneurs, et contribue à un climat d’attente alors que certains concurrents étrangers ont déjà enclenché une dynamique plus claire.

À lire également : La réglementation PSAN/MICA : se faire réguler en France et en Europe.

Financement : l’Europe à la traîne derrière l’Amérique et l’Asie

Le déficit de financement local est l’un des principaux handicaps pour l’écosystème Web3 européen. En 2024, seulement 32 % des montants levés par les startups Web3 européennes provenaient d’investisseurs basés sur le continent. À l’inverse, 73 % des financements des startups américaines venaient d’acteurs nationaux. Cette asymétrie reflète un manque de confiance locale, un appétit moindre pour le risque technologique et une structure d’investissement encore trop traditionnelle. Conséquence : 45 % des startups Web3 européennes déclarent avoir envisagé une délocalisation au moins partielle de leurs activités, principalement vers les États-Unis ou des juridictions asiatiques plus attractives. Le manque de fonds propres freine le passage à l’échelle, et ce malgré un vivier de projets à fort potentiel.

L’innovation Web3 face aux contraintes économiques et réglementaires

L’Europe reste un foyer d’innovation reconnu, et la France n’est pas en reste. En 2025, près de 40 % des entreprises Web3 françaises ont poursuivi le développement de nouveaux produits ou services. Ces projets couvrent des domaines aussi variés que la finance décentralisée (DeFi), la tokenisation d’actifs immobiliers, les systèmes de paiement tokenisés ou encore les outils de certification numériques basés sur la blockchain. Cependant, 57 % des dirigeants interrogés citent le manque de clarté réglementaire comme premier frein à leur activité, suivi de l’accès restreint aux services bancaires (42 %) et des charges fiscales jugées inadaptées (34 %). Malgré les efforts d’encadrement et d’enregistrement PSAN en France (où plus de 100 entreprises ont été enregistrées à l’AMF [3]), une grande partie des acteurs rencontrent toujours des difficultés à ouvrir un compte bancaire ou à lever des fonds via les canaux classiques.

À lire également : Comment échapper au règlement MiCA ? Guide de décentralisation d’un projet Web3.

Startups Web3 : entre résilience et ambitions contrariées

Malgré cet environnement contraint, les startups Web3 [4] européennes affichent une résilience remarquable. En 2024, l’emploi dans le secteur a connu un rebond : 31 % des entreprises françaises ont recruté, notamment dans les métiers techniques, juridiques et commerciaux. Le taux de fermeture de startups est resté contenu à 12 %, preuve d’un tissu entrepreneurial solide. Toutefois, 68 % des fondateurs interrogés estiment que leurs ambitions sont freinées par l’environnement réglementaire et financier. Nombre d’entre eux adoptent une stratégie de « double localisation », en conservant un pied en Europe tout en explorant des juridictions plus agiles. Des destinations comme les Émirats arabes unis (Abu Dhabi, Dubaï), le Royaume-Uni ou Singapour concentrent désormais une part croissante des projets européens en quête d’un meilleur terrain de croissance.

Souveraineté numérique : un enjeu stratégique pour l’Europe

Derrière les problématiques réglementaires ou économiques, c’est la question de la souveraineté numérique qui se joue. Le Web3 redessine les frontières du pouvoir numérique : il offre des outils pour s’émanciper des intermédiaires, pour contrôler ses données, pour créer des infrastructures de paiement ou d’identité indépendantes des géants technologiques. En 2025, 49 % des entreprises françaises interrogées estiment que le Web3 peut devenir un levier majeur pour la souveraineté économique de l’Europe. Toutefois, elles sont seulement 17 % à juger que les institutions publiques françaises s’engagent réellement en ce sens. Ce décalage entre potentiel stratégique et inertie politique alimente un risque bien réel, celui de voir l’innovation se développer ailleurs, sur des normes qui ne reflètent ni les valeurs ni les intérêts du continent.

À lire également : Cryptos en France : une notoriété record, une adoption à la traîne.


Notes :

[1Définition : Le Web3 est une nouvelle version d’Internet où les utilisateurs peuvent posséder et contrôler directement leurs données, leurs contenus et leurs actifs numériques, grâce à la blockchain. Contrairement au Web traditionnel (Web2), dominé par de grandes entreprises, le Web3 propose de redistribuer le pouvoir aux utilisateurs en leur permettant de posséder, contrôler et monétiser directement leurs contenus, leurs données et leurs identités numériques.

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