L’investissement responsable : un sujet pris au sérieux
L’étude de l’IFOP met en lumière une prise de conscience des épargnants français depuis 2018 (63 %) concernant les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Cependant, en 2024, nous nous apercevons que ces différents facteurs pèsent moins dans les décisions de placements financiers. Uniquement, 51 % estiment que ce sont des éléments à prendre en considération au moment d’investir. Par ailleurs, un autre détail interpelle lorsque l’on examine les chiffres. À savoir, parmi les 51 %, ce sont les moins de 35 ans qui accordent le plus d’importance à ces différents enjeux (ils sont 59 %). À contrario, 46 % d’entre eux font partie des 65 ans et plus.
Les motifs d’engagement des épargnants
Les motivations derrière cette orientation vers l’investissement responsable sont multiples. D’une part, 56 % des épargnants interrogés estiment que leur épargne peut contribuer à des causes sociales et environnementales. D’autre part, la génération Y (nés entre 1981 et 1995) se distingue par un engagement particulièrement fort, avec 75 % d’entre eux affirmant que l’investissement durable est essentiel pour leur avenir financier.
De plus, l’étude révèle que parmi les trois causes pour lesquels les épargnants investissent en priorité sont :
- le bien-être au travail (76 %) ;
- les pollutions (de l’air, des sols, des eaux...) (76 %) ;
- les droits humains (75 %).
Les obstacles à l’investissement responsable
Malgré cet engouement, plusieurs freins demeurent. L’étude révèle que 78 % des personnes qui épargnent affirment manquer d’informations sur les produits d’investissement responsable. De surcroît, 73 % n’ont jamais entendu parler de labels garantissant une épargne durable. Au contraire, uniquement le quart des épargnants (27 %) déclare avoir eu connaissance des labels permettant d’obtenir une épargne plus responsable. De plus, parmi les 27 %, les personnes les plus au fait sur ce sujet font partie des moins de 35 ans (à 39 %) contre 20 % pour les 65 ans et plus. Néanmoins, parmi ceux ayant signalé leur connaissance de ces labels durables, moins de 10 % sont capables de citer l’un d’entre eux, à savoir : l’ISR.
La nécessité de l’éducation financière
Pour surmonter ces obstacles, l’éducation financière apparaît comme une nécessité. Informer les épargnants sur les différentes options d’investissement responsable, ainsi que sur leur potentiel de rentabilité, pourrait favoriser une adoption plus large. Le FIR, à travers cette étude, appelle les institutions financières à intensifier leurs efforts en matière de sensibilisation et d’accompagnement des épargnants. En effet, si nous nous référons aux chiffres concernant la figure qui pourrait le mieux informer à propos de l’investissement socialement responsable, c’est celle du banquier qui émerge à 68 %.
Un impact sur les pratiques des entreprises
L’engagement des épargnants envers des pratiques responsables pourrait également influencer les entreprises. Les sociétés qui ne répondent pas aux attentes en matière de durabilité pourraient voir leur attractivité diminuer auprès des investisseurs. Cela pourrait inciter les entreprises à adopter des stratégies plus durables, engendrant un cercle vertueux entre épargne, investissement et responsabilité sociale. En effet, 61 % des personnes ayant participé à l’étude estiment que les établissements financiers devraient davantage communiquer sur l’épargne responsable et faire pression sur les entreprises concernant leurs pratiques sociales et environnementales.
Vers un avenir économique durable
L’étude menée par l’IFOP pour le FIR met en exergue une dynamique positive autour de l’investissement responsable en France. Bien que des défis subsistent, notamment en matière d’information et de rentabilité, la volonté des épargnants de concilier épargne et valeurs éthiques est indéniable. Face à cette tendance, les institutions financières ont un rôle clé à jouer pour guider les épargnants vers des choix d’investissement qui soient à la fois lucratifs et responsables. En fin de compte, l’avenir de l’épargne en France pourrait bien s’écrire sur des bases plus durables, alliant profits et préoccupations sociétales.
Christian-Olivier Kajabika
Village des Notaires - Experts du Patrimoine