Les missions du CCSF et de l’OTB
Le Comité consultatif du secteur financier (CCSF) a été créé par la loi n° 2003-706 du 1er août 2003 de sécurité financière [1]. La mission principale de cette instance de concertation est de proposer des mesures destinées à améliorer les relations contractuelles entre les établissements financiers et leurs clients. Les représentants des entreprises du secteur financier (banques, assurances, sociétés financières) et de leurs clientèles siègent à parité au sein de l’instance. Des personnalités qualifiées, des parlementaires et des représentants des organisations syndicales complètent sa composition.
La loi n° 2010-1249 du 22 octobre 2010 [2] a élargi les attributions du CCSF avec la responsabilité de suivre l’évolution annuelle des pratiques commerciales des établissements bancaires.
Pour assurer cette mission, le CCSF a constitué en son sein un Observatoire des tarifs bancaires (OTB). Cet observatoire est composé, paritairement, de membres représentatifs du secteur bancaire et des associations de consommateurs et d’experts issus de la Banque de France, de la direction générale du Trésor, de l’Institut d’émission des départements d’outre-mer (IEDOM) et de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).
Une hausse des tarifs de 3,1 % entre 2024 et 2025 supérieure à l’inflation
L’OTB a analysé les pratiques tarifaires d’un panel de 103 établissements, représentant 99 % des parts de marché du secteur. Ce panel intègre notamment les établissements bancaires en ligne N26, Nickel et Revolut.
Rattrapage des tarifs bancaires depuis 2024 après une quasi-stabilité en 2023
En 2023, les tarifs bancaires sont restés quasiment stables alors que l’inflation était élevée. Un phénomène de rattrapage est ensuite intervenu en 2024 et en 2025. Selon l’indice Insee, les prix des services bancaires ont crû de 3,1 % entre juin 2024 et juin 2025, contre 1,0 % pour l’inflation générale.
Sur deux ans, entre juin 2023 et juin 2025, la hausse des prix des services bancaires (+ 6,2 %) est également supérieure à la hausse globale des prix sur la même période (+ 3,2 %) mais en ligne avec l’évolution des prix des services (+ 5,4 %).
Sur les dix dernières années, de juin 2015 à juin 2025, la hausse des prix des services bancaires (+ 17,6 %) est inférieure à l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) (+ 20,8 %).
Des hausses de tarifs différenciées
En 2025, sur les quatorze principaux services bancaires, dix ont vu leurs tarifs augmenter. Les augmentations les plus significatives concernent :
- les frais de tenue de compte (+ 8,95 %) ;
- les tarifs des cartes de paiement internationales (+ 2,91 % et + 2,98 % en fonction du type de carte).
L’impact de ces majorations sur les clients varie selon les services concernés et leur utilisation.
L’OTB a pris l’exemple des retraits d’espèces aux distributeurs automatiques de billets (DAB). Ces retraits sont gratuits lorsque le client retire des espèces au DAB de sa banque. Avec la généralisation des paiements par carte bancaire, le nombre moyen de retraits d’espèces mensuels par personne diminue régulièrement. Il a ainsi atteint 1,6 retrait par mois en 2024 tous distributeurs automatiques de billets (DAB) confondus. Ce chiffre est largement inférieur au nombre de retraits gratuits hors réseau généralement inclus dans les offres bancaires (2,76 en moyenne en 2025).
Par ailleurs, l’OTB note que « l’initiative de mutualisation des distributeurs automatiques de billets engagée par trois grands groupes bancaires contribue à renforcer l’accessibilité des retraits sans frais en élargissant le parc de DAB « internes » pour les clients des banques concernées ».
Ainsi, même si le coût moyen du premier retrait d’espèces payant hors réseau a atteint un euro en moyenne en 2025, l’OTB a constaté que cette évolution « demeurait sans effet notable pour la grande majorité des clients ».
Évolution des tarifs de « l’offre clientèle fragile »
Dans son rapport, l’OTB s’est penché sur l’évolution des frais annuels de l’offre de services bancaires destinée à la « clientèle fragile (OCF) ». Pour être éligible à cette offre, les clients doivent répondre à certains critères fixés par la loi (dossier de surendettement, inscription au fichier central des chèques (FCC) et/ou des critères fixés par les établissements bancaires).
Voir les conditions pour bénéficier de l’« offre clientèle fragile » – Banque de France.
Selon l’observatoire, « après avoir baissé sensiblement en 2023, les tarifs de l’OCF se sont stabilisés en 2024 et 2025 à un niveau trois fois inférieur au plafond réglementaire ». Le rapport précise que « la quasi-totalité des établissements (99 sur 101) facturent désormais cette offre à un tarif annuel n’excédant pas douze euros ». Autre point positif mentionné par l’OTB, « les frais d’incidents appliqués aux clients bénéficiaires de l’OCF ont également connu après les baisses observées, une phase de stabilisation ». Ainsi, « au 1er avril 2025, parmi les cent-un établissements proposant une offre spécifique destinée aux clients en situation de fragilité financière, cinquante-sept ne facturent aucuns frais d’incidents, et soixante-quatre ne prélèvent pas de commissions d’intervention ».
Facturation des frais de découvert
Dans son rapport 2023, l’OTB avait noté l’émergence de nouvelles pratiques, par exemple « la facturation pour les découverts bancaires et notamment des « minima forfaitaires » prélevés pour des découverts inférieurs à quatre cents euros ou le prélèvement de frais de gestion ».
L’observatoire a analysé l’évolution de ces pratiques. En 2025, quarante établissements continuent encore de facturer des frais de dossier et/ou des frais de gestion liés à l’autorisation de découvert et quarante-cinq établissements appliquent des « minima forfaitaires d’intérêts débiteurs ».
Depuis 2023, certains établissements ont abandonné cette pratique et d’autres l’ont au contraire adoptée. L’OTB se félicite de la « baisse du montant de ces frais de 5,8 % avec une moyenne de minima forfaitaires passant de 6,42 euros en 2023 à 6,05 euros en 2025 ».
Frais liés à la mise à disposition et à l’opposition sur chèques et chéquiers
Désormais, la plupart des établissements facturent ces services. Ainsi, « au 1er avril 2025, seuls six établissements (principalement des banques en ligne) proposent gratuitement l’opposition à un chèque ou un chéquier ». La grande majorité des établissements, soit « quatre-vingt douze d’entre-eux facturent ces services, avec des tarifs majoritairement compris entre dix et vingt euros pour un chèque, et entre quinze et trente euros pour un chéquier ». Enfin, l’OTB note qu’ « aucun établissement ne facture des frais de renouvellement d’opposition, contre douze en 2022 ».
Tarifs bancaires pratiqués dans les Outre-mer
L’OTB a noté « une réduction des écarts tarifaires des COM du pacifique avec ceux de l’Hexagone alors que huit tarifs sur quatorze dans les DCOM demeurent supérieurs à ceux de l’Hexagone, sans réduction des écarts ».
Ces tarifs bancaires souvent plus onéreux qu’en Métropole s’intègrent dans une problématique plus large de pouvoir d’achat des habitants des territoires ultramarins.
Pour aller plus loin :
Consulter le rapport complet du CCSF.
Notes :
Axel Masson
Rédaction du Village des Notaires et du Patrimoine