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Interview de Vincent Chauveau, notaire et créateur du jeu de société Maka 7 familles
Parution : mercredi 20 novembre 2019
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Pourquoi avoir créé ce jeu ? 

Le jeu Maka 7 Familles est né d’un rendez-vous à mon étude avec des clients, où je me suis rendu compte que toutes les questions qu’on abordait pourraient faire l’objet d’un jeu de société, pour vulgariser le propos sur l’héritage. Ainsi, peu après, pendant les vacances de Pâques, nous avons écrit, avec mes enfants, un jeu basé sur les mécanismes de la bonne paye, avec 120 cartes et 26 cases action. Ils m’ont aidé car je suis parti du principe que, si c’est compréhensible pour eux, cela le sera également pour les adultes. 

Ce jeu est essentiellement basé sur des thématiques propres au droit de la famille, mais dans un cadre amusant et familial. Actuellement, nous en sommes à la phase test sur la commercialisation, avec des expérimentations un peu partout en France. Un jeu est considéré comme un succès à partir de 5 000 exemplaires vendus, mais avant d’y penser, il y a encore bien d’autres étapes à franchir. 

De manière générale aujourd’hui, les jeux se multiplient et ce, sur toutes les thématiques. Les jeunes y jouent beaucoup, ce qui démontre le potentiel important du marché en France. Par ailleurs, les réseaux sociaux ont pris beaucoup d’importance pour la communication sur les nouveaux jeux, et c’est aussi vrai pour Maka 7 Familles. 

Quelle en est la trame ?

La trame du jeu est d’avoir un héritage. Quand le notaire est amené à gérer la succession, il y a tout un aspect administratif que l’on retrouve au cours du jeu, avec plein de ressorts qui nous font reculer, qui nous font perdre l’héritage, etc. Nous avons créé des « cartes testaments » comme la découverte d’un frère, d’un déshéritement, etc. Il y a aussi des cartes qui nous permettent de ne pas payer d’impôts, qui se rapportent aux donations. Celles-ci facilitent la constitution de l’héritage au cours du jeu. Ce qui compte au final c’est d’avoir le plus de valeur monétaire. 

Quel intérêt y trouvent vos confrères ? Et vos clients ? 

Nous mettons en avant le notariat, ce qui est rare dans le monde des jeux de société. Cela donne une image moderne des notaires, en le rapprochant des citoyens. 
Globalement, mon souhait est de rendre notre matière accessible, en vulgarisant le propos. L’idée c’est presque de jouer avec son notaire, en allant même jusqu’à le contacter quand on ne comprend pas le sens d’une carte. Pour le public, le jeu a l’ambition de répondre à une grande interrogation sur toutes les problématiques qui touchent au droit de la famille, car il y a peu de communication sur les mécanismes qui le régissent. À l’occasion du prochain Congrès des Notaires, les visiteurs auront d’ailleurs la possibilité de tester le jeu sur le stand du Village des Notaires. La médiatisation de l’affaire sur l’héritage de Johnny Halliday a donné une idée du besoin d’informations du public. Et ce jeu surprend dans sa manière d’appréhender ces questions juridiques relatives à la famille. 

A-t-il été compliqué pour vous de simplifier le vocabulaire et la façon de parler d’une telle matière ?

Les retours sont positifs sur la compréhension des mécanismes administratifs, juridiques et techniques qui sous-tendent la pensée du « quand on hérite, il faut payer plein de choses » ; cela permet de mieux appréhender le sens de la valeur d’une taxe. 

Par-ailleurs, il n’y a pas la stratégie du Monopoly avec les loyers et l’achat de maisons. C’est plutôt un jeu fait d’aléas, qui se veut ludique et pédagogique, de façon à mettre de la distance avec les sujets. C’est aussi une occasion de passer du temps en famille, en se coupant des téléphones et des écrans. 

Cette activité commerciale est-elle compatible avec votre autre activité de notaire ? 

Je ne m’occupe pas des questions commerciales. C’est une société d’édition, dont je ne possède que 25% des parts, qui s’en occupe, et qui organise les Notaires Digital Days. La seconde édition aura d’ailleurs pour thème « Les notaires mutualistes ». Pour l’occasion, nous souhaitons créer un grand regroupement de notaires pour se donner les moyens de répondre à la transformation digitale. Cela nous permettra de réfléchir aux innovations à installer dans la relation-client, mais aussi la prospection en ligne, le suivi client, la production d’actes, la relation avec les collaborateurs, etc. Le jeu fait partie intégrante de cette stratégie de rapprochement avec les clients pour rendre le droit accessible à tous. 

Propos recueillis par Clarisse Andry

Interview initialement publiée dans le Journal du Village des Notaires n°78