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![]() Comment l’art contemporain redessine l’investissement culturel ? (partie 1)
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Parution : lundi 19 mai 2025
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Cet article fait office de premier volet sur la conjoncture du marché international de l’art contemporain en 2024 réalisé par Artprice, le spécialiste français des transactions d’œuvres d’art en ligne. L’achat d’œuvres d’art s’est révélé être un très bon investissement ces dernières années ! Cependant, il y a quatre ans, la crise sanitaire bousculait violemment le marché, imposant une digitalisation en urgence face à l’arrêt des ventes physiques. La reprise fut pourtant fulgurante dès 2021. Aujourd’hui, le marché de l’art se stabilise et s’internationalise de plus en plus, fort d’une digitalisation massive, d’un public élargi et d’un recentrage sur les segments intermédiaires, plus accessibles et porteurs de valeur.
Le Marché de l’Art Contemporain a généré 88 milliard de dollars de chiffre d’affaires sur l’exercice 2023/2024. Un chiffre en retrait par rapport aux sommets de l’ère post-Covid, mais qui dépasse de 200 millions la moyenne annuelle des cinq années pré-pandémiques, confirmant une consolidation à haut niveau.
L’Art Contemporain pèse désormais 7 % de la valeur du Marché de l’Art mondial, contre seulement 3 % au début des années 2000. Un basculement structurel s’est opéré, avec un marché plus vaste, plus liquide et plus internationalisé.
Les transactions d’œuvres contemporaines atteignent des sommets : 132 000 lots en un an, soit une progression de +72 % par rapport à la période pré-Covid. Le taux de réussite reste solide à 65 %, signe de l’efficacité des plateformes et de la stratégie des Maisons de Ventes pour capter de nouveaux publics.
Le segment des œuvres abordables explose : 108 000 ventes à moins de 5 000 $, représentant 82 % du marché en volume. Des artistes comme Murakami, Hirst, Koons, Banksy ou KAWS dominent ce segment avec un mix de tirages, éditions limitées et originaux.
Des figures montantes comme Kasing Lung, Odinakachi Okoroafor ou Lieu Hoatian illustrent cette vitalité. Leurs œuvres, adjugées entre 4 000 et 5 000 $, trouvent preneur dans un marché avide de nouvelles signatures et d’univers identifiables.
Les tranches 5 000 – 10 000 $ (6 % des ventes) et 10 000 – 50 000 $ (8 %, en forte hausse) s’imposent comme les nouveaux terrains d’expression des collectionneurs avertis. Subodh Gupta, Richard Long, Salman Toor, Chloé Wise s’inscrivent dans cette dynamique de montée en puissance raisonnée.
Le segment des œuvres au-dessus de 50 000 $ marque un net recul : -21 % en volume, avec 1 150 ventes en moins. Les lots millionnaires passent de 372 à 224 adjudications, signe d’un marché plus sélectif sur les pièces iconiques.
Malgré tout, certaines ventes exceptionnelles – notamment autour de Jean-Michel Basquiat – continuent de rythmer le haut de gamme, particulièrement à New York. La rareté devient ici un moteur de valeur, à défaut de volume.
Touchée par la crise immobilière chinoise, Hong Kong enregistre une chute de -32 % de son produit de ventes (282 M$), tout en conservant sa deuxième place mondiale derrière New York. La prudence domine, comme en témoignent les adjudications sous estimations chez Christie’s et Sotheby’s (No Regrets, The Now). Pourtant, l’écosystème se renforce : Phillips bat des records, et des acteurs majeurs comme Hauser & Wirth ou Christie’s continuent d’investir localement.
Avec 779 M$ , le marché américain recule de -9 %, principalement à cause de l’absence de lots au-dessus de 50 M$. Toutefois, le volume des œuvres proposées explose (41 000 lots), avec un taux de vente élevé (77 %). La transition numérique initiée pendant la pandémie s’inscrit désormais dans la durée.
La France enregistre une hausse spectaculaire de +33 %, atteignant 62,8 M$, portée par la vente Love Stories (30 M$) chez Christie’s Paris. Julie Mehretu, Adrian Ghenie et Sean Scully y signent des records. Avec près de 12 000 transactions, le marché français affirme son attractivité auprès des collectionneurs internationaux.
Avec +122 % de croissance, l’Inde devient un acteur majeur de l’art contemporain (13,4 M$). Des artistes comme Nataraj Sharma, Jayasri Burman et Nalini Malani voient leurs records battus. Anish Kapoor signe même la première vente millionnaire contemporaine sur le sol indien, porté par des maisons locales comme AstaGuru et Saffronart.
Après le pic à 427 M$ en 2021, l’art ultra-contemporain redescend à 148 M$ en 2024 (-65 %), mais reste deux fois supérieur aux niveaux pré-Covid. Le marché devient plus sélectif, avec 1 000 œuvres en moins proposées, et un taux d’invendus de 36 %.
Ces trois pays concentrent 86 % de la valeur mondiale pour seulement 40 % des transactions. À New York, des figures comme Lucy Bull et Matthew Wong maintiennent l’attractivité. En Chine, le ralentissement se fait sentir malgré quelques succès.
L’artiste britannique, vendue successivement à New York (140 000 $) et à Hong Kong (122 000 $), illustre la montée en puissance d’un marché globalisé et synchronisé, où les jeunes artistes naviguent désormais entre continents.
Représentant 20 % du chiffre national, Ewa Juszkiewicz propulse la Pologne au cinquième rang mondial de l’ultra-contemporain, avec une croissance de +69. Son ascension révèle l’émergence d’un nouveau pôle européen, encore largement sous le radar.
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